TSH anormale : que faire ? Une lecture éclairée des recommandations actuelles

Mercredi 14 Mai

TSH anormale : que faire ? Une lecture éclairée des recommandations actuelles

Du Mercredi 14 Mai 2025 au Mercredi 14 Mai 2025

Pourquoi la TSH est-elle dosée ?

La TSH (Thyroid Stimulating Hormone) est souvent incluse dans les bilans sanguins de routine. Une valeur anormale, trop haute ou trop basse, n’est pas toujours synonyme de maladie. L’interprétation dépend du contexte clinique : âge, grossesse, traitements, antécédents…

TSH anormale : faut-il toujours s’inquiéter ?

Non. Selon les recommandations de la HAS (2022), le dosage de la TSH seule suffit en première intention. Les dosages de T3 et T4 ne sont nécessaires que dans des cas ciblés. Une TSH anormale isolée ne nécessite pas systématiquement un traitement ou un avis spécialisé.

À retenir :
    •    Pas d’urgence dans la majorité des cas
    •    Approche en dosage en cascade recommandée
    •    Prudence avec certains médicaments (amiodarone, lithium)
    •    Toujours interpréter en fonction de l’état clinique

TSH élevée : penser à une hypothyroïdie

Une TSH élevée suggère une hypothyroïdie, surtout si elle s’accompagne de signes cliniques.

Symptômes fréquents :
    •    Fatigue persistante (asthénie)
    •    Prise de poids, constipation, frilosité
    •    Ralentissement psychomoteur, dépression
    •    Œdèmes, voix rauque, perte du tiers externe des sourcils

Signes biologiques :
    •    Anémie macrocytaire
    •    Dyslipidémie

Situations spécifiques :
    •    Personnes âgées : TSH cible ≈ âge ÷ 10
    •    Grossesse : TSH < 2,5 avec traitement rapide si besoin
    •    TSH > 100 : suspicion de polyendocrinopathie auto-immune → hydrocortisone en attendant l’avis endocrino

TSH basse : vers une hyperthyroïdie ?

Une TSH basse évoque une hyperthyroïdie, à confirmer par le dosage de T4 libre (ou T3).

Symptômes classiques :
    •    Amaigrissement rapide
    •    Tachycardie, insomnie, diarrhée
    •    Tremblements, anxiété, thermophobie

Cas particuliers :
    •    Traitement par amiodarone (nécessite une prise en charge urgente)
    •    Thyroïdite post-partum ou subaiguë (De Quervain)
    •    Maladie de Basedow : dosage des TRAK utile

⚠ L’hyperthyroïdie sous amiodarone est une urgence médicale → arrêt du traitement et avis spécialisé immédiat.

Échographie thyroïdienne : pas systématique

Selon la HAS (2021), l’échographie thyroïdienne ne doit pas être réalisée d’emblée après une anomalie de TSH. Elle est réservée à certaines situations :
    •    Nodule palpable
    •    Signes compressifs cervicaux
    •    Suspicion de cancer
    •    Anxiété importante du patient

Recommandations clés à retenir

✅ TSH seule en première intention
✅ Pas d’urgence sauf grossesse ou hyperthyroïdie sous amiodarone
✅ Pas d’échographie systématique
✅ Adapter la prise en charge à l’âge, au terrain, aux symptômes
✅ Attendre 6 à 8 semaines entre deux dosages après ajustement du traitement
✅ L’endocrinologue n’est pas toujours nécessaire

Conclusion : TSH anormale ≠ urgence

Une TSH anormale ne justifie pas une panique immédiate. L’essentiel est d’interpréter le résultat dans un contexte global : âge, grossesse, symptômes, traitements… Les recommandations récentes de la HAS fournissent un cadre clair et rassurant.

Médecins généralistes, professionnels de santé : ne surmédicalisez pas une TSH isolément anormale. Agissez avec discernement, bon sens clinique, et selon les recommandations.