Troubles cognitifs : Un enjeu de santé publique urgent à adresser

Troubles cognitifs : Un enjeu de santé publique urgent à adresser
Mercredi 26 Mars

Troubles cognitifs : Un enjeu de santé publique urgent à adresser

Du Mercredi 26 Mars 2025 au Mercredi 26 Mars 2025

Le vieillissement de la population, associé à l’augmentation des maladies neurodégénératives, place les troubles cognitifs au cœur des préoccupations de santé publique. Pourtant, malgré la prise de conscience croissante de cette problématique, un sous-diagnostic persiste, empêchant de nombreux patients et leurs aidants d’accéder à un accompagnement adapté et à des soins appropriés.

Dans ce contexte, les infirmiers en santé populationnelle, à travers des initiatives comme celles de l’association ASALEE, jouent un rôle central. Ils sont en première ligne, auprès des patients, pour assurer une prise en charge précoce et sur-mesure, en participant activement à la prévention, au dépistage, et à l’éducation thérapeutique.

Des actions concrètes pour un suivi personnalisé

ASALEE, organisme de santé populationnelle, permet une approche au plus près des patients. Grâce à une collaboration étroite avec des médecins signataires du protocole de coopération ASALEE, les infirmiers ont le temps d'établir un suivi individualisé. Cette approche est fondamentale, car elle permet d’adapter les soins aux besoins spécifiques de chaque patient, tout en s'assurant de leur bon déroulement.

Dans ce cadre, les Infirmiers Diplômés en Santé populationnelle d'ASALEE a pour mission de dépister les troubles cognitifs à travers des tests simples mais efficaces, comme le MMSE, le test de l'horloge, ou encore l’échelle de Dubois. Ces outils permettent de repérer rapidement les signes de troubles cognitifs et de guider les médecins vers des examens plus poussés, comme les imageries cérébrales ou les consultations spécialisées.

Cependant, bien que ces tests soient utiles pour un premier repérage, une question persiste : pourquoi, malgré ces efforts, 40 % des personnes souffrant de troubles cognitifs échappent encore au diagnostic ? Le problème majeur réside dans la pénurie de ressources dans certaines zones géographiques, où les délais de consultation sont trop longs, et l'accès aux soins spécialisés est limité.

Le sous-diagnostic : un frein à une prise en charge adaptée

Les statistiques sont parlantes : selon Santé Publique France et France Alzheimer, près de 1,2 million de personnes sont touchées par des troubles cognitifs en France, mais seulement 60 % d'entre elles bénéficient d’un diagnostic. Cela signifie qu'environ 40 % des patients restent sans prise en charge appropriée, ainsi que de nombreux aidants, qui se retrouvent sans soutien.

Cette situation est encore plus préoccupante dans des régions comme la Nouvelle-Aquitaine, où la population vieillissante atteint des proportions particulièrement élevées. Entre 7 et 13 % des personnes âgées de plus de 65 ans vivent avec des troubles cognitifs, mais cette réalité ne se traduit pas toujours par une prise en charge rapide et adaptée.

L’une des principales raisons à cela : l’accessibilité des soins. Dans de nombreuses zones rurales ou peu couvertes par les professionnels spécialisés, les patients se retrouvent dans l’incapacité d’obtenir un rendez-vous dans un délai raisonnable. Le temps d'attente peut faire que les troubles progressent sans être diagnostiqués, détériorant ainsi la qualité de vie des patients et de leurs proches.

Une prise en charge pluridisciplinaire au cœur de la solution

Face à ce constat, il est impératif d’agir. La prise en charge des troubles cognitifs ne peut plus être considérée comme une démarche isolée : elle doit s’inscrire dans une approche pluridisciplinaire. L’implication des médecins traitants est essentielle, mais ils doivent être accompagnés par une équipe élargie, incluant des gériatres, des neurologues, des psychiatres, des kinésithérapeutes, des orthophonistes, et des auxiliaires de vie. Cette collaboration permet de prendre en compte toutes les dimensions du trouble cognitif, tout en intégrant la gestion des comorbidités fréquemment associées, telles que les maladies cardiovasculaires ou le diabète de type 2.

Une telle approche offre de multiples bénéfices. D’abord, elle garantit un suivi plus cohérent et plus personnalisé pour chaque patient. Ensuite, elle permet de mieux soutenir les familles et les aidants, souvent laissés de côté dans ce parcours de soin complexe.

Des solutions à développer pour un territoire mieux adapté

Pour améliorer la situation, il est indispensable de renforcer la collaboration entre les acteurs du territoire. Parmi les solutions envisageables, on peut citer l’organisation d’ateliers de soutien à la mémoire et de prévention, l’animation de groupes d’échange pour les aidants, ou encore la mise en place d’ateliers d’activité physique adaptée. Ces initiatives permettent non seulement d’accompagner les patients dans leur quotidien, mais aussi de maintenir des liens sociaux et de rompre l'isolement, souvent renforcé par les troubles cognitifs.

Il est également essentiel de mieux orienter les patients et leurs familles vers les dispositifs existants, comme les plateformes territoriales d’appui (PTA) ou les associations spécialisées (France Alzheimer, village Alzheimer, etc.). Ces structures offrent un soutien précieux, mais elles doivent être davantage visibles et accessibles à ceux qui en ont besoin.

Conclusion : un défi à relever collectivement

L’enjeu est clair : pour que la prise en charge des troubles cognitifs soit efficace et complète, il est nécessaire de dépasser les barrières géographiques, temporelles et professionnelles qui freinent l'accès aux soins. Cela passe par une collaboration renforcée entre les différents acteurs de santé, et une meilleure orientation des patients vers des solutions adaptées à leurs besoins.

Les infirmiers en santé populationnelle, en étroite collaboration avec les médecins et autres professionnels de santé, ont un rôle clé à jouer. En adoptant une approche coordonnée et pluridisciplinaire, nous pouvons offrir un accompagnement global et personnalisé aux patients, tout en apportant un soutien essentiel aux aidants, trop souvent oubliés dans ce parcours de soin.

L’objectif est simple : répondre aux besoins de notre territoire, en optimisant le suivi des patients et en assurant une qualité de vie meilleure à ceux qui en ont besoin. Le travail collaboratif est la clé de cette réussite.